Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PATRONUS COLONIAE

PATRONUS COLONIAU, MUNICIPII, COLLEGII. 1. L'origine et le caractère du patronage municipal, ses rapports avec l'hospitium et la proxénie, le recrutement, le choix, les attributions des patrons jusqu'à l'époque impériale ont été exposés à l'article DOSPITIDM (p. 299300). A partir de l'Empire, la jalousie des empereurs amène le relâchement des liens de la clientèle et le patronage devient essentiellement une institution municipale. 11 est généralement encore héréditaire 1 et souvent conféré à toute la famille du patron, à ses enfants et descendants 2 ; mais il est vraisemblable que la fonction de patron n'est réellement exercée que par celui qui reçoit le décret d'investiture (tabula aenea ou aerea patronatus 3, tabula hospitalis, patrocinalis 4, tessera hospitalis e) et passe après sa mort à son fils aine. Le choix du patron n'appartient plus maintenant qu'au sénat municipal' ; l'indication du consentement populaire, qui figure encore sur quelques inscriptions, ne parait plus avoir aucune importance'. Le décret qui renferme l'élection (d'abord adoptio, depuis Auguste cooptatio), et qui garde encore souvent, surtout en Espagne et en Afrique 9, la forme d'un contrat d'hospitalité, est envoyé au patron par des députés 10; le patron s'appelle patronus, en grec 71j.Tpwv ", quelquefois 7rpoaTd.Tr ç 12. On donne quelquefois ce titre à des femmes'. On peut être patron de plusieurs villes, soit dans la même province, soit dans plusieurs Inversement une ville peut avoir plusieurs patrons 15. Ils figurent en tête de l'album sénatorial, à titre surnuméraire, comme membres d'honneur, en premier lieu les pa PA T Irons de l'ordre sénatorial, en second lieu ceux de l'ordre équestre 1; l'album de Canusiuin porte ainsi trente et un patrons clarissimes et huit chevaliers 2 ; celui de Thamuga, en Afrique, dix patrons clarissimes et deux perfectissimes'. Quant à l'origine et eu rang social des patrons, il faut d'abord mettre à part César le seul empereur qui ait été patron, Auguste', et, les membres de sa. famille, Agrippa, bains et Lucius Caesar, 'l'ibère, Drusus`;. Les patrons les plus nombreux sont ceux de rang sénatorial, depuis les consulares, ,jusqu'aux tribuns laticlaves et aux simples clarissimes ; beaucoup paraissent être nés dans les villes dont ils ont le patronage et y on t, exercé, avant d'arriver au sénat, des fonctions municipales Viennent ensuite les patrons de l'ordre équestre, la plupart dans les villes soit natales, soit étrangères où ils ont passé par les dignités municipales, avant de gérer des fonctions impériales, soit administratives, soit militaires, quelques-uns, anciens officiers ou centurions, dans des villes où ils se sont retirés sans y avoir été magistrats s. Puis viennent les patrons qui ont simplement exercé des fonctions municipales ', patrons la plupart dans les villes mêmes où ils ont été magistrats". On trouve parmi les patrons beaucoup de personnages illustres, attachés aux villes par quelque lien'', surtout d'anciens gouverneurs, très peu d'affranchis impériaux 12. Le patronage est quelquefois cumulé par exception avec une magistrature municipale, soit dans la même ville, soit dans une autre"', plus souvent aussi avec la fonction de curateur 14. Le payas peut avoir aussi des patrons", soit spéciaux, soit les mêmes que ceux de la ville. Comme à l'époque précédente [lOSPITrti91, p. 3001, le patron a des devoirs généraux de protection à l'égard de la ville et de ses habitants"' ; il fournit surtout de l'argent pour l'embellissement de la ville, pour les travaux publics, bains, aqueducs, jeux, pour les oeuvres de bienfaisance ; en échange, il est honoré de présents, de statues, d'inscriptions honorifiques, de distinctions de tout genre. On trouve quelques exemples de patrons de provinces, pub' i on proe'in('i ie, dont nous ignorons le caractère et. les attributions 17. H. Ps1TBON(5 (.oi,LE(,ii, Las corporations ont eu deux sortes de patrons. Il y a d'abord les patrons d'honneur, soit magistrats municipaux, soit fonctionnaires d'empire, tantôt spéciaux, tantôt, les mi3mes que ceux de la ville, tantôt, pour une seule, tantôt pour toutes les corporations 1e. Puis, surtout au Bas-Ernpirc, les principales corporations chargées del'alimentation de Home, les pistoreo, les stlariii, les raudicarii, les nzensores, les coriarii la, et quelques autres en Italie ='', ont plusieurs patrons, trois ou davantage, choisis parmi les membres, dont le premier s'appelle prion, et qui surveillent tout le service au nom de l'État ; chez les pistores, le premier patron a droit à sa retraite au bout de cinq ans de gestion 2'. LesAn9ustales ont eu aussi des patrons" [AaHUS130176 . Cu, I,éooivan, P USARIl. Nom donné, sous l'Empire l'ornait), aux membres de certaines confréries isiaques I„lsls', qui faisaient des stations (pallsae) devant des reposoirs élevés aux divinités égypto-grecques, le long des rues qu'ils parcouraient en procession. L'empereur Commode fut un jeausarius zélé ; on le vit, à Rome,, entouré de ses courtisans, porter d'autel en autel l'image d'Anubis'. Des pausarii sont mentionnés clans des inscriptions de l'Italie et de la Gaule Gr0aGES LAFA3'E. Pavement, dans le sens général 11e sol artificiel ou de revêtement du sol , aire battue ou bétonnée, plancher, dallage, carrelage, pavé, mosaïque. 1. Aires de terre battue. Le procédé le plus primitif, pour aménager le sol artificiel des habitations, abris, cours, espaces servant à la circulation ou aux exercices, consistait à exécuter une aire de terre nivelée, puis durcie par un pilonnage convenable, et rneme, suivant les besoins, revêtue superficiellement d'une couverture de matériaux divers, couche d'argile liée et battue, sable, gravier, cailloux. Ce genre de sol artificiel est désigné PAV 360 --PAV dans la langue épique par le mot ozttôo'i ou iu0.rbv ô7a.e.e, et dans la langue ultérieure par le mot è vaoç 3. Le plancher des habitations primitives et rurales, comme dans le mégaron de Troie, dans la première installation de Tirynthe', dans la cour du palais d'Ulysse à Ithaque °, dans celles des palais minoens de Cnossos 7 et de ~Phaestoss, dans le palais de Perdiccas 1 en Macédoine', et, à une époque beaucoup plus récente (n° S. av. J.-C.) dans la plupart des maisons de Priène 1', consistait en un simple lit d'argile foulée; à Olympie, le sol de la plupart des leitiments non religieux, tels que le Léonidaion, se compose d'un simple cailloutis". Le latin parimentum, pavire (cf. 7 3(6,5, battre) s'appliquait originairement à une aire de terre battue, au besoin imbibée d'huile pour la préserver des ravages de l'humidité, de la végétation, des rongeurs f3, ou recouverte d'un cailloutis 13. II. Planchers bétonnés. -De bonne heure ce procédé fut perfectionné par l'emploi d'une forme composée d'un ou deux lits de béton (pierres ou cailloux mélangés de (haux) sur laquelle on étendait un revêtement superficiel d'un mortier de chaux résistant, où l'on insérait de petits cailloux pour lui donner plus de dureté dans les espaces découverts ou les passages servant à 1a circulation 1L, l Tirynthe, ces pavements, qui couvrent le sol des cours et des appartements, sont décorés d'un quadrillage gravé en creux, tel que le représente la figure 552'i 1J. Les carrés du milieu étaient peints en rouge, et les bordures en bleu, le tout formant comme une imitation de tapis. A Cnossos, plusieurs planchers se composent d'une couche de plâtre ou de ciment sur un lit d'argile 16. Les pavements de Mycènes 17 et du palais de Gha (Copaïs)13 sont aussi bétonnés. A. Délos, on a retrouvé des pavements de cour revêtus de ciment sur terre battue 10; même procédé dans la cour du palais hellénistique de Palatilza20. Ce procédé grec des planchers bétonnés fut perfectionné en Italie par l'adoption de l'opus signinunt". appelé aussi palimnentuln testacetlm12, décrit à l'article Mosivum, p. 2093. Le progrès consistait ir mélanger à la chaux de la brique en poudre provenant de tessons céra miques pilés (è13'ti7a1oxov:0123, os/meus testa tmtsa 2''), ce qui produisait un ciment rougeâtre ', résista n t et bien étanche. Incrusté de cailloux, bien battu, irnlà. bé de lie d'huile, cet enduit imperméable convenait à, tort s les endroits découverts et exposés à l'humidité, refuges des xystes de gymnases, citernes, impluvia, bassins, etc.27. Les couloirs et les rampes du Palatin sons. pavés avec cette composition 23 dont on trouve aussi de nombreux spécimens à Pompéi 29. Ce genre de planchers se faisait soit apparent, soit recouvert d'un revêtement dur, en carreaux de terre cuite, en plaques de marbre, en cailloux de rivières, en mosaïque. Il sera question plus bas de ces revêtements. La technique des pavements bétonnés et cimentés a été très bien décrite par Vitruve et par Pline qui le copie30. Ces détails diffèrent suivant qu'il s'agit d'un rez-de-chaussée, d'un plancher d'étage ou de terrasse. Dans le premier cas, le bétonnage repose directement sur le sol aplani et pilonné à la hie. Dans le deuxième. tout l'appareil repose sur une charpente (contignalio). recouverte d'un parquet (coaxatio) double ou simple, sur lequel on étend un lit de fougère ou de paille, pour protéger les bois de l'humidité. Le bétonnage lui-même se compose : 10 du statunmen, blocage de cailloux gros comme le poing; 2° de la ruderatio, bétonnage de chaux et de menus cailloux mélangés dans des proportions variables suivant que le cailloutis (rudus) est vieux ou neuf; 3° du nucleus, forme en ciment constituée par trois parties de chaux et une de brique pilée, sur une épaisseur de 6 doigts; 4° le revêtement dur (carrelage, etc.; ; 5° l'enduit stuqué (lorica). La composition et l'épaisseur des couches du statumen et de la ruderatio varient, s'il s'agit d'un plancher d'étage couvert (pavimentum subtugulaneuln) 31 ou d'un toit en terrasse (pacinmentunt .sub subdiale32) [voir TECTCM]. 11 n'est pas prouvé que les Grecs aient pratiqué le mélange de la brique pilée à la chaux. Mais Vitruve et Pline 33 décrivent comme un procédé grec une composition au charbon et à la cendre pour appartements d'hiver et salles à manger. Sur une ruderatio munie d'un écoulement vers des bouches de caniveau, on étendait un nucleus composé d'une couche de charbon tassé et pilonné, et, sur ce nucleus, un ciment superficiel où la PAV 361 la cendre et le sable mêlés à la chaux remplaçaient la brique pilée de l'opus signinum. Ce genre de pavement avait l'avantage d'absorber les liquides et de n'être pas froid aux pieds nus des esclaves. III. Revêtements. four donner plus de résistance et d'éclat à la surface des planchers bétonnés, on s'avisa de les couvrir d'un revêtement de matières dures disposées d'une manière décorative. Les Grecs connurent dès l'époque hellénistique les marqueteries de marbres de différentes couleurs (a19i TpoTOV, opus alexandrinum, opus sectile), découpés en figures géométriques [MusIvuM, p.2094] : déjà les Propylées et l'Érechtheion attestent l'emploi de la pierre bleue d'Éleusis associée au marbre pentélique; les appartements du palais macédonien de Palatitza sont pavés en marqueteries de marbres variés' ; l'orchestre du théâtre de Dionysos àAtllènes (fig. 5525), le pavement du Panthéon à Rome 2, les ruines de la villa d'Hadrien à Tibur', le triclinium du palais de Domitien au Palatin, les maisons de Pompéi montrent avec une infinie variété de motifs la richesse de ce genre de pavement chez les Romains. Pour la mosaïque proprement dite, voir Muslvua. Les carrelages de terre cuite Xoptostrotum) ", dont les cours des palestres d'Olympie et d'Érétrie fournissent des exemples en Grèce, furent perfectionnés par les l'es Romains. On distinguait : 1° le carrelage quadrangulaire, fait de carreaux réguliers (parintentunl e tossera grandi) 3, généralement de 2 pieds de côté (tequlae bipedales, bipeda2), dont les tranches pouvaient être Vil. PAV creusées d'une rainure dans laquelle on coulait un ciment de chaux mêlé d'huile, pour rendre imperméables les joints, surtout dans les toits en terrasses 10; 2° le pavement en épi (opus .spicatuna 1l, spica testacea 12, pavimeutum spica)" qui correspond au dispositif moderne en arête de poisson (spina peste) Il se composait de lamelles rectangulaires de 105 millimètres de long, 42 de large, 21 d'épaisseur, affrontées à angle droit de 45015. La figure 5526 montre un spécimen de ce genre, découvert dans le marché de Timgad". Les briques qui servaient à cet usage étaient surtout fabriquées à Tibur, d'où leur nom de testacea spicata tiburtina 1 b IV. Dallages. Concurremment avec le procédé du pavement cimenté, sur forme de béton, les Grecs employèrent de bonne heure les dallages de pierres O,t965-Tpwerov'", 6Tp(7i1V.a19) irrégulières ou équarries, pour le revêtement des voies publiques, routes, rues, voies sacrées des sanctuaires, cours, agoras, et pour constituer le pavement des édifices, temples, portiques, etc. La belle rampe dallée de Troie 20, le ipdh.oc du palais de Cnossos L1 sont les plus anciens spécimens de chaussées pavées en Grèce : les anciens ne connurent pas le pavé cubique en forme de d11. tel que l'emploient couramment les modernes, mais le dallage de plaques plus ou moins régulières vra]. Nous signalerons les dallages'en plaques de gypse, de calcaire, de schiste bleu. ou noir, dans les cours elles appartements des palais de Cnossos'", de Pilaestos 23, de Mycènes de file de Gla (Coprins) "°. À Cnossos, certains de ces dallages étaient recouverts d'un ciment coloré en rouge ou en blanc"; le plancher du premier étage se compose de grandes dalles de béton dans lequel sont noyées des plaques de pierre irrégulières". À l'époque classique, le plus grand soin était apporté au dallage des temples. Les dalles (za_a6-pw--elles'"; étaient posées sur le milieu de cloisons de refend ou éperons transversaux (z:TvTeoT7.' 20), qui reliaient les fondations des murs de la cella et du stylobate, et. divisaient l'intérieur du soubassement par un damier de compartiments carrés, 46 PAX 362 PAX dont les cavités étaient fourrées d'un remplage de terre ou de blocage )e-ooZ) . La figure 3327 montre dieprè s une photographie ce dispositif dans le soubassement du temple de Delphes ; on l'observe aussi aux temples d'Egine et de Bassae 2. Le devis de réparation d'un dallage de temple à Livadie détaille les soins minutieux apportés à la taille et à la, pose des dalles de Marbre, polies à la pierre et nivelées à la sanguine 3. Dans les temples construits en marbre ou en calcaire polissable, la surface du dallage restait à découvert, niais quand la matière était plus rugueuse, on la recouvrait parfois d'un stuc rouge, comme on l'observe dans le pronaos du temple d'Égine ", ou d'une mosaïque en cailloux de rivière, comme on le fit dans le pronaos du temple d'Olympie, à l'époque romaine 3. Quelques inscriptions' mentionnent une disposition spéciale du dallage en treillis (woourlév c'est-à-dire en lignes alternantes de dalles posées en longueur, et de dalles posées en largeur. A. La construction des pavements, surtout des pavements ornementés, était la spécialité des pavi/neritar'ii, constitués en corporation '. G. FoucFars. PAX. Eigï s. Déesse qui personnifiait, chez les Grecs et les Romains, la paix et ses bienfaits, 1. Friexà cIlEZ Lies GRECS. De très bonne heure les poètes grecs firent de la paix une divinité. Dans la Théogonie d'Iiésiode, Eirènè est une des trois fleures, filles de Zeus et de Thémis ; elle a pour soeurs Eunomia et Dikèl. La même allégorie se retrouve dans Pindare, sous une forme à peine différente 2; elle est mentionnée par Diodore de Sicile' et Apollodore'. Chez d'autres poètes, par exemple chez Euripide el, chez Aristophane, Eirènè est invoquée comme une déesse particulièrement bienveillante pour les hommes, comme la plus belle, la plus vénérable des déesses'. Les Athéniens rendirent un culte à Eirènè. La déesse avait chez eux, sinon_ un temple, du moins un autel, 3wuhç e D'après Plutarque, cet autel aurait été dédié à la fin des guerres médiques, après la victoire remportée par Cimon sur les bords de l'Eurymédon et le prétendu traité de paix qui aurait été alors signé par le Grand Roi 7. D'autre part, Isocrate et Cornelius Nepos rapportent que le premier autel d'Eirènè clans Athènes fut consacré seulement en 374 av. J,-C., à la suite de la victoire remportée par Timothée sur les Lacédémoniens et de la paix qui en fut la conséquence 8. Parmi les documents épigraphiques, le plus ancien de ceux qui attestent l'existence àAthènes d'un culte d'Eirènè est de l'année 332-331 av. J.-C.'"". Mais Aristophane, dans sa comédie la Pairr, représentée en 419, parait bien indiquer qu'à cette époque on avait l'habitude à Athènes d'offrir des sacrifices à Eirènè 10. II est très probable que le culte et l'autel d'Eirènè existaient chez les Athéniens dès le milieu du v° siècle. Le scoliaste d'Aristophane nous apprend qu'on offrait un sacrifice à la déesse le seizième jour du mois d'Hecatombaeon, que ce sacrifice était un sacrifice non sanglant, et que les offrandes des particuliers présentaient le même caractère ". Hors d'Athènes, l'on n'a trouvé que très peu de traces du culte d'Eirènè dans le monde grec''". Il y avait à Athènes une statue célèbre d'Eirènè, oeuvre de I£éphisodotes, qui passe pour être le père et le maître de Praxitèle. Képhisodotr avait représenté la déesse debout, tenant de la main droite un long sceptre et portant sur son bras gauche Ploutos enfant''. Ce groupe fut reproduit sur des monnaies athéniennes (fil 5528), et Brunn en a reconnu une réplique dans un marbre de la Glyptothèque de Munich (fig. 5329), que l'on avait pris jusqu'alors pour une image de Leucothée portant son fils Melikertès _MLLtCER'TESI'". L'm.uvre de Eéphisodotos fut peut-être exécutée à l'occasion de la victoire de Timothl '; elle fut placée près des statues des Eponymes, non loin du temple d'Arès et de la Tholos, au pied de l'Aréopage et dans le voisinage de l'agora ' . Des monnaies de Cyzique, de Locres E.pizéphyrienne, de Nysa en Lydie portaient également une image d'Eirènè 16. H. Pax nez Lits Flou iss. Les plus anciens témoignages que l'on ait d'une personnification allégori que de la paix à [-tome ne remontent pas au delà du milieu du 1r'' siècle av.J.-C. Ce sont deux monnaies sur l'une est gravé le nom 0 » o, Eirènè et Ploutos. de L. Aemilius [luca, l'un des quatuor vir'i rnonetales institués parCésar en 44 av. J.-C.; l'autre porte le nom d'Auguste et l'indication de son sixième consulat; or Auguste fut consul pour la sixième fois en 28 et pour la septième fois en 27. Cette monnaie a donc été frappée en 28. Au droit de la monnaie qui porte le nom de L. Aemilius Buca, on voit une tête de femme avec le mot PAx'. Au revers de la monnaie d'Auguste (fig. 3530), se lit de même le mot PAx et auprès une image de la Paix, sous les traits d'une femme debout, tenant un caducée de la main droite; près PAX 363 PEC d'elle est représentée une ciste mystique d'où s'élance un serpent. M. Babelon pense que cette médaille e été frappée en Asie Mineure '-. Mais c'est seulement avec l'institution et la dédicace de l'Ara Pacis Augustae qu'apparaît un culte réel de la déesse Pax dans le monde romain. Le 4 juillet de l'année 13 av. J.-C., pour fêter le retour d'Auguste qui rentrait à Rome après un séjour de trois années en Espagne et dans les Gaules, le Sénat décida l'érection dans le Champ de Mars d'un autel de la Paix Auguste Trois ans et demi plus tard, le 30 janvier de l'an 9, cet autel était solennel lement dédié Il se dressait dans la partie septentrionale du Champ de Mars, là où l'on voit aujourd'hui l'église San Lorenzo in Lutina et le palais Fiano 4. Autour de l'autel proprement dit s'élevait une enceinte quadrangulaire, d'environ 10 mètres de côté ; cette enceinte était décorée à l'extérieur de sculptures qui représentaient une procession et des scènes de sacrifice, à l'intérieur de motifs décoratifs, festons, guirlandes, arabesques °. Plusieurs fragments de cet ensemble ont été retrouvés ; ils sont malheureusement dispersés à Paris, à Florence, à Rome, dans divers musées ou collections. L'Ara Pacis est représentée (fig. 5531) sur plusieurs monnaies de Néron °. Le culte de la déesse Pax fut désormais célébré régulièrement chaque année le 30 janvier et le 4 juillet 7 ; à la fin de mars, quelque cérémonie y avait lieu également 8. La victime que l'on sacrifiait à la déesse Pax était une génisse, vacca ; les magistrats en exercice, les prêtres et les Vestales devaient assister au moins à la cérémonie du 4 juillet ". Un peu moins d'un siècle après l'érection de l'Ara Pacis, Vespasien, en l'an 75 ap. J.-C., fit construire en l'honneur de la déesse un temple magnifique, « le plus vaste et le plus beau, dit Hérodien, des édifices qui ornaient Rome »11. Ce temple s'élevait au nord-est du Forum Romanum ; il était entouré d'une area à laquelle fut donné plus tard le nom de Forum Pacis. Vespasien accumula dans le temple de la Paix des richesses et des oeuvres d'art, enlevées à diverses provinces de l'empire ; c'est là, en particulier, que furent déposés les vases sacrés et les objets en or provenant du temple de Jérusalem ; on y voyait aussi plusieurs chefs-d'oeuvre de sculpture et de peinture ravis à la Grèce 12. Ce temple fut dévoré par un incendie terrible sous Commode en 191 ap. J.-C. 13. Le culte de la déesse Pax ne semble pas avoir été plus populaire à Rome et dans l'empire romain, que celui d'Eirènè dans le monde hellénique. Les dédicaces à Pax sont rares tant en Italie que dans les provinces. On en a trouvé jusqu'à présent à Rome 11, à Préneste ". en Espagnef°, en Gaule 17, sur les bords du Rhin et du Danube en Afrique 19, mais nulle part ces documents ne révèlent l'existence d'un culte très répandu. Les Romains représentaient la déesse Pax sous des traits analogues à ceux de la Fortune, de l'Abondance, etc. Ses attributs les plus fréquents étaient un rameau d'olivier, un caducée, une corne d'abondance. Parfois le type de Pax se rapprochait des images de la Victoire ; on considérait en effet la Paix comme le résultat d'une guerre victorieuse : dans ce cas, elle était couronnée de laurier, elle avait une lance; parfois même on lui donnait des ailes comme à la Victoire 20. J. Totnaiv. cheveux. Le peigne a été de tout temps indispensable aux femmes ; il ne l'était pas moins aux hommes, Plus on remonte haut dans l'histoire des peuples classiques, plus on voit dominer chez les hommes la coutume de porter les cheveux longs [coma]. Le peigne d'ivoire que représente la figure 5532 date de l'âge « mycénien » ; il a été trouvé à Spata (Attique) ; la beauté des ornements qui en décorent la surface témoigne suffisamment du prix que les Grecs, dès la plus haute antiquité, attachaient à cet objet de toilette'. Avant la bataille des Thermopyles un espion de Xerxès, envoyé en reconnaissance, trouva les Spartiates de Léonidas occupés à peigner leur chevelure'. Celle où le peigne n'avait point passé (âx-€'ets'os) dénotait chez un homme la misère ou le deuil', comme une chevelure peignée avec beaucoup de soin était un indice d'élégance et de recherche'. Aussi met-on le peigne au nombre des instruments les plus usuels du coiffeur et de la coiffeuse; sur les monuments funéraires en particulier, c'est un des insignes habituels de leur proi'mx, fig. 5428. On ne s'en sert pas seulement pour diviser, lisser et nettoyer la chevelure, ou pour exécuter ces travaux d'art (ornare) que la mode exige dans la coiffure des femmes coaiA] ; à l'époque où les hommes PEC 364 PEC portent les cheveux courts, l'ouvrier TOSSOIZ tient, de la main gauche, le peigne sous les ciseaux ; il faut qu'il coupe avec l'aide du peigne (per pectinent)l, pour ne pas dépasser la mesure et pour obtenir une régularité parfaite. Divers monuments représentent des femmes se coiffant ou se faisant coiffer à l'aide d'un peigne 2. La forme du peigne n'a pas beaucoup changé depuis l'antiquité, comme nous pouvons nous en convaincre tant par les spécimens retrouvés dans les fouilles que par les finages de cet objet observées sur les monuments. Il est parfois de forme allongée (fig. 5428), plus souvent court (fig. 992) avec une seule ou une double rangée de dents, les unes espacées pour démêler la chevelure, les autres fines et serrées pour la nettoyer et la lisser. Les peignes les plus communs se faisaient. en buis 6 ; on en tonnait en effet un assez grand nombre de cette matière'. L'édit de Dioclétien fixe le prix maximum d'un peigne en buis, pour femme, à 1 i deniers (0 fr. 1i6) D'autres sont en os, comme celui de la figure 5533 qu'on a trouvé serré dans son étui 6. Souvent aussi on employait l'ivoire; il yen a de nombreux exemples, depuis le peigne de Spata (bo. 5532) jusqu'à ceux qui ont été recueillis dans les catacombes de Rome avec des vestiges des premiers siècles de l'Église 7 . Les peignes de buis, d'os et d'ivoire sont parfois ornés de figures en relief et d'inscriptions. Les peignes en bronze ne sont pas rares non plus ; d'ordinaire ils n'ont qu'une seule rangée de dents et sont fréquemment semés d'ornements géométriques et de pointillés gravés en creux ; des peignes de ce genre ont été trouvés à Pompéi 8. Apulée ' parle d'un peigne d'argent. On sait que beaucoup de divinités avaient dans les temples une garde-robe et que leurs ministres devaient faire la toilette de leurs statues ioRNATOR ; parmi les objets précieux consacrés à leur service il faut ranger les peignes; c'est probablement dans les sanctuaires, surtout dans ceux des divinités féminines, que se trouvaient les plus beaux modèles; à Argos, un peigne en or était affecté à l'usage de Pallas 10. On voyait aussi des peignes déposés en ex-voto dans les temples de Vénus avec tout l'attirail de la coquetterie féminine Quelques-uns de ceux qui sont conservés dans les trésors des églises chrétiennes ont pu servir au culte : ce fut pendant très longtemps la coutume que le prêtre passât un peigne dans ses cheveux avant de se présenter à l'autel 12. Cette coutume elle-même pourrait bien avoir une origine païenne1f. Le peigne d'ivoire, dit de Ste-Hildegarde (fig. 55370, est anti que, aussi bien par le style que par le choix des sujets qu'on y voit sculptés : d'un côté trois guerriers armés, de l'autre une course de deux quadriges'`. On a remarqué comme un fait singulier que les anciens ne semblent pas avoir connu le peigne d'ornement qui reste planté dans la coiffure pour l'assujettir I t ; cet objet, en si grand honneur aujourd'hui dans la parure féminine, et qui se prête si bien à une riche décoration, n'apparaît jamais sur les monuments de l'art antique; ce sont généralement de longues épir files Aces,', des résilles 1IIET1CLLLM] ou des bandeaux de formes variées qui en font l'office 'COMA]. Ovide parle d'un ornement d'écaille que les dames de son temps plaçaient dans leurs cheveux ; peut-être a-t-il par là désigné un diadème, une couronne, ou un autre objet du même genre ]AMPYx, CORONA'i 26. Pourtant Pollux range le peigne au nombre des ornements de tète 1 Il est donc possible que, sous l'Empire au moins, on en ait adopté l'usage. II. Peigne à carder la lainet8. On désignait encore cet instrument sous le nom de carnlen". Il servait non seulement aux ouvriers qui préparaient la laine en gros PEC 365 -PEC avant de la livrer au commerce [LANA, PECTINARIUS], mais encore aux servantes et aux femmes de toute condition, qui la filaient pour leurs besoins et pour ceux de la famille ; aussi avait-il sa place marquée à côté des fuseaux, de la quenouille et de la corbeille à ouvrage'. D'après les descriptions des anciens, on peut affirmer que le peigne à carder ressemblait absolument à celui qu'on emploie aujourd'hui : il se composait de dents de fer recourbées, plantées obliquement sur un plateau en bois'. III. Navette de tisserand (xepxi;) ; on lui avait donné le nom de « peigne » parce qu'elle était fendue aux deux bouts. Dans ce sens pecten semble être synonyme de RADIUS, plus commun 3. IV. Peigne de tisserand, outil muni de dents, avec lequel l'ouvrier serre les fils de la trame TELA V. -Peigne employé par les foulons pour carder le drap; l'existence n'en est connue que par quelques textes de basse époque ; mais on conjecture que cet instrument a remplacé dans certains ateliers les chardons beaucoup plus communément affectés au même VI. Séran, peigne en fer dont on se servait pour apprêter le lin et le chanvre ; on faisait passer plusieurs fois les tiges à travers les dents, jusqu'à ce qu'on eût séparé complètement l'écorce de la fibre [LINI'M] G. VII. Rateau [RASTRUM] VIII. Herse [cRATES, IRPEX] IX. Instrument d'agriculture avec lequel les mois sonneurs dans certains pays, notamment en Gaule, détachaient l'épi de la tige ; ce devait être une sorte de peigne à dents serrées que l'ouvrier manoeuvrait de la main droite, d'épi en épi, pendant que la main gauche tenait la tige. On s'en servait surtout pour récolter le millet. C'était, dit Columelle, un procédé très incommode dans une moisson bien fournie 9. X. Plectre de la lyre ; le mot pecten a été employé dans ce sens, probablement parce que le plectre avait souvent la forme d'une dent de peigne [LYRA] 10. XI. Pectines (xTEVÉ;, xT€vta) dans une lyre, les parties des deux bras ou montants (à tt ve;) qui dépassent la caisse de chaque côté [LYRA]". XII. Figure de danse. D'après Stace, qui attribue aux Amazones l'invention de cette figure 12, il faut supposer que les danseurs étaient rangés en ligne droite, les uns derrière les autres par files successives et parallèles, comme une troupe en marche, chaque file de plusieurs danseurs repré sentant une dent du peigne. GEORGES LAFAYE. --L'Industriel qui fabrique, répare ou vend des peignes'. II.Ouvriercardeurdelaine; dans ce sens on dit aussi pectinatoi' et carniinator [PECTEN]. Dans la Haute-Italie. où l'industrie des lainages était très florissante [LANA0, les cardeurs formaient des corporations distinctes'. G. 1..